Film (01/01) :
L'anime nous conte l'histoire d'un garçon, Nitaboh, qui a perdu sa mère, une musicienne joueuse de shamisu (un instrument a cordes japonnais), lorsqu'il n'avait qu'un mois et qui a perdu la vue a l'âge de huit ans suite a une maladie. Étant aveugle, il s'intéresse donc a tout ce qui fait du bruit, aussi supplie-t-il une joueuse aveugle ambulante de shamisu de lui apprendre a jouer de cet instrument lorsqu'elle passe par son village.
TITRE ORIGINAL : Nitaboh: Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun
ANNÉE DE PRODUCTION : 2004
STUDIO : [WAO! WORLD]
GENRES : [DRAME] [HISTORIQUE] [MUSICAL]
AUTEUR : [DAIJO KAZUO]
TYPE & DURÉE : 1 FILM 90 mins
-Thaa-
Source: Animeka
Nitaboh - Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun Streaming VOSTFR
Commentaires (4) :
Re: [Film] Nitaboh - Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun
Un film d'animation qui peut sembler sans prétention mais qui oh combien se retrouve être une petite merveille, a quiconque qui veut bien s'accorder un petit instant pour le visionner. Bon film.
Mes remerciements à Anime-Ultime et à l'équipe de traduction.
Re: [Film] Nitaboh - Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun
Le moine joueur de shamisen au début du film qui est à la tête de Toudouza est appellé "Kengyo" par les badauds. En fait, le titre de "Kengyo" est attribué au chef de la communauté de Tôdôza, une sorte de guilde des aveugles qui regroupait les travailleurs aveugles du pays. Traditionnellement, les aveugles japonais (cette tradition vient de la Chine Antique) apprenaient en effet à jouer de la musique ou devenaient masseurs (comme c'est le cas du célèbre personnage de fiction Zatoichi). Dans le cas des femmes comme on le voit, c'était surtout du shamisen, et elles devenaient artistes itinérantes, ce type de personnage est également repris dans "Samurai Champloo".
Au cours de la 47ème minute, il est dit que Tamana-san est morte d'un "rhume". En fait, les japonais utilisent le terme "kaze" qui signifie "vent" et qui est traduit en général par "rhume". Les connaissances médicales de l'époque Edo-Bakumatsu et antérieures provenaient de la Chine ancienne, et une part infime des connaissances hollandaises en la matière était passée au Japon via le port de Nagasaki (cette ouverture du Japon sur le monde occidental sera par la suite, ironiquement, une des deux cibles de bombardement nucléaires par les américains).
En acupuncture et pharmacopée chinoise traditionnelle, les maladies et indispositions ne proviennent pas de "virus" ou "microbes" extérieurs au corps mais d'un désordre situé à l'intérieur du corps (notez que les deux points de vue ne sont pas incompatibles pour autant) au niveau des organes (Zhang / Fu) ou des méridiens et des merveilleux vaisseaux (Jing / Luo). Il peut donc y avoir déséquilibre avec pour cause une déficience (Xu) ou un excès (Shi) dans le flux d'énergie du corps. L'une des causes principales d'excès ou de déficience est le Vent (Kaze en japonais, Feng en chinois) qui fait partie des causes dut aux conditions climatiques (avec la chaleur, le froid, l'humidité, la sécheresse, etc...). Pour les profanes néanmoins, la cause la plus courantes de maladies devaient être d'attraper froid, un froid dut au "vent". L'acupuncture étant issue essentiellement des pratiques Taoïstes antiques alors que le Japon depuis l'époque médiévale reposait essentiellement sur des bases bouddhistes puis sous Edo avec un ajout de Néo-Confucianisme, le système élémentaire qu'utilise l'acupuncture (les cycles de créations (shen) et de contrôle (ke) élémentaire) a dut être confondu avec le système élémentaire bouddhiste (le cycle de la réincarnation des éléments) aux yeux de la population.
Donc voilà, l'une des principales causes de maladies est le "vent" qui cause un refroidissement du corps, et aux yeux de la population, ça s'est généralisé des suites de la simplification de la transmission orale (avant l'époque Edo, la majorité des roturiers et des samouraïs de bas rang ne savaient pas lire et écrire ou à peine). D'où le fait que les japonais se soient mis à généraliser l'emploi du mot "kaze" pour tout ce qui s'apparente à un rhume, de la fièvre ou une grippe, et d'où cette traduction littérale qui a l'air bizarre.
J'aimerais tant qu'à faire, glisser un commentaire sur l'apparition du fantôme de la mère de Nitarô par le biais de l'Itako. Ceux qui ont vu la série
Môryô no Hako se souviennent peut être de ce que disais Kyôgoku-dô sur les devins, voyants et apparentés : tout ce que dis l'apparition est cohérent, mais évasif. Tout ce qu'elle a dit lors de son apparition peut être deviné avec ce qu'a dit Nitarô en présence de la vieille Itako. En outre, elle ne fait que dire au jeune homme ce qu'il a besoin d'entendre, elle ne fait pas la "discussion" avec lui, si j'ose dire. Enfin de compte, comme souvent avec ce qui touche au fantastique, l'incertitude mystérieuse est laissée entre la réalité et le surnaturel.
Par la suite, lorsque Nitarô fait son entraînement, on le voit frapper sur la corde d'un arc. Au Japon, depuis les débuts de la caste samouraï, on pensait que l'épée et l'arc avaient des propriétés surnaturelles, qu'ils avaient un âme (
tsukumogami, kami des objets, est le terme approprié). Le son que produit en vibrant la corde de l'arc était en particulier réputé pour faire fuir les esprits vengeurs, car en effet l'Arc était l'une des armes principales des samouraïs, et une superstition d'archer prétendait que les fantômes voulaient protéger leurs descendants et proches en perturbant les archers adverses. C'est pourquoi les archers et les exorcistes faisaient vibrer leur corde sans tirer, afin d'éloigner les fantômes, comme de nos jours on ferait sonner une sirène de police pour faire peur aux criminels et délinquants.
Re: [Film] Nitaboh - Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun
Film magnifique
Peut constructif désolée (-_-)
Re: [Film] Nitaboh - Tsugaru Shamisen Shiso Gaibun
Afficher/Cacher les spoilers Ah le (presque) beau film que voilà !
Soyons franc, durant tout le film c'est en fait l'art complexe du shamisen qui est à l'honneur, et ce au travers un personnage travailleur acharné et d’événements historiques et typiques de ce qui se passait à l'époque.
Ça se passe après l’ère Edo, alors que le Japon est en relation (forcée) avec l'Amérique et que les premiers clans déchoient (du verbe déchoir), le pays voit alors des choses inconnues et perçue comme effrayantes ou inutiles (d'ailleurs lisez le commentaire de Dôji Rinne si l'Histoire vous intéresse un peu).
Malheureusement, sous les traits d'un film qui se veut de respecter et mettre en lumière le passé, on assiste à l'évolution creuse de personnages et de relations "service minimum" et ce pour ne mettre en avant que l'art du shamisen. Seul le personnage principal est développé (après tout le shamisen ne va pas se jouer lui-même tout seul avec ses p'tits doigts) ainsi que les efforts qu'il doit fournir pour parfaire sa maîtrise.
La fin est superbe (vraiment) car on assiste au fin du fin en maitrise du shamisen,
ouvrez grand les oreilles c'est magnifique.
Et puis arrive la (toute) fin du film, aussi subitement que ce début de phrase, ça tombe en faisant un "plouf" un peu poussé... (si t'as pas compris c'est pas grave)
La fin m'a fait un peu pensé à ces films américains des années 80 où l'écran se fige sur l'image du héros victorieux avant de voir défiler les crédits - les personnages secondaires avaient alors fini leur intrigue et ne restait plus que la finalité du héros. Dans ce film c'est pareil sauf que comme les évolutions entre personnage sont à zéro bin ça fini en eau de boudin.
Et puis ce concours final m'est resté un peu en travers dans le sens où toute l'humilité et le travail accumulés du personnage s'envole : le scénariste aurais au moins pu faire dire au personnage (un des deux) que cette représentation en publique n'est pas pour gagner, c'est pour la postérité bla bla, pour la paix dans le cœur des hommes et des femmes, humilité toussa toussa, prévenance et patati patata...
Ce manque scrupuleux m'a fait voir ce concours en un "qui qui joue le mieux" ridicule.
Mis à part quelques scènes ou situations "cliché" ça se laisse regarder.